Madame le Ministre,
Monsieur le Secrétaire d’Etat à la Culture, vous permettez …

D’emblée, nous vous félicitons pour avoir esquissé les préparatifs de l’organisation de ce Forum tant attendu qui aurait dû se tenir en ce mois de juin comme prévu. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Le 6 février 2025 dernier, j’écrivais un texte, à ma qualité de président du Collectif Parlons Poésie, pour saluer la décision prise la veille en Conseil des ministres par le chef de l’Etat Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Faye d’organiser un Forum national sur le livre et la lecture. À l’occasion, le Président avait déclaré vouloir « accompagner les associations littéraires » du pays comme la nôtre qui regroupe plus de cent distingués jeunes auteurs, poètes, romanciers, slameurs qui font réellement vibrer la littérature sénégalaise ces dix dernières années.

Cependant, nous déplorons le fait que les associations littéraires soient royalement snobées dans la formation du comité scientifique pour la préparation du Forum, surtout les jeunes auteurs très engagés à l’animation littéraire, à donner plus de vitalité aux livres, à faire la promotion du livre, à faire lire. Je ne vois pas mieux que les jeunes qui font des activités dans tous les espaces culturels et scolaires pour que vive la littérature. Je doute que vous ayez toutes les informations sur les efforts incommensurables que les jeunes auteurs déploient pour illuminer la littérature sénégalaise. Ce sont eux qui sont à l’initiative des cérémonies de remise de grands prix littéraires les plus en vue dans le panorama culturel à l’image du Prix Ibrahima Sall organisé chaque année par le Collectif Parlons Poésie ou du Prix du Cénacle des jeunes écrivains du Sénégal.

À l’article 2 de la « Décision portant création et fonctionnement du Comité Scientifique du Forum national sur le Livre et la Lecture », il est dit que ce dit comité a pour mission de « proposer un contenu (animation culturelle, rencontres professionnelles) ». L’on peut oser se demander avec qui fera-t-il ces animations culturelles ? Ne fallait-il pas inclure les associations littéraires formées essentiellement de jeunes écrivains prompts à assurer ces animations de la plus belle manière ? Ne parle-t-on pas de plus en plus d’inclusion dans la gouvernance publique ? Les jeunes n’auraient-ils pas droit au chapitre ? Ne sommes-nous pas à l’ère du Jub, Jubal, Jubanti où la gestion des affaires doit être l’affaire de tous les acteurs sans exclusion ? Pourquoi les jeunes auteurs sont donc écartés dans le comité scientifique alors que la politique inclusive est désormais de mise dans le monde ?

Déjà, notre projet d’activité littéraire a été rejeté par la Direction des Arts concernant les appels à soutien du ministère de la Culture pour le premier semestre alors que nous avions présenté un parfait synopsis de notre programme. La réponse venue tardivement est que le ministère ne dispose pas assez de ressources financières pour nous appuyer. Hélas ! Nous n’avons pipé mot même si nous avons vu la liste des bénéficiaires. Peu sont ceux qui ont plus d’efficience que le nôtre. Chacun mérite d’être accompagné. Mais je peux attester que le Collectif Parlons Poésie engendre un potentiel beaucoup plus important que beaucoup parmi les bénéficiaires pour faire redorer la littérature et les arts urbains d’une manière générale. Nous sommes un Collectif littéraire national très ouvert et diversifié dont les membres habitent dans toutes les régions du pays et certains  dans d’autres pays avec différents profils : poètes, slameurs, critiques littéraires, romanciers, essayistes, infographes, musiciens, éditeurs, correcteurs, bibliothécaires, journalistes culturels et j’en passe.

Permettez-moi, Madame le Ministre, de vous dire que le Collectif Parlons Poésie est malgré tout disposé à apporter sa contribution à la réussite du Forum national sur le Livre et la Lecture avec beaucoup d’initiatives à notre guise car nous sommes des citoyens acteurs culturels conscients que l’avenir de la littérature sénégalaise est entre les mains des jeunes auteurs comme nous membres dudit collectif. Nous sommes un groupe formé de jeunes épris de talent avec pour beaucoup un niveau d’études important en littérature et autres sciences humaines et arts modernes.
Il est bon de rappeler que les trois principaux vainqueurs du concours national du slam poésie sont tous des membres du Collectif Parlons Poésie, en l’occurrence notre défunt frère Abdourahmane Dabo alias Al Faruq (champion d’Afrique du slam au Tchad en 2018), Meïssa Mara en 2020 et William Clarence Mendy en 2023. En plus de ceux-là, nous comptons d’autres slameurs très talentueux qui animent des ateliers à travers tout le pays. Ce n’est pas tout. Le Collectif compte des membres qui ont eu à remporter des prix prestigieux au Sénégal et dans le monde à l’instar de Elaze Ndongo Thioye (Lauréat en 2022 du Prix de poésie du Cénacle des jeunes écrivains du Sénégal), Pape Moussa Sy (classé deuxième en 2023 du même prix) ou Patherson en 2024, Mouhamed Nguirane (Prix de poésie Ibrahima Sall), Ismaïla Niang (Prix roman Immaculée Éditions 2021 en Côte d’Ivoire), le premier président du Collectif Fara Ndiaye (lauréat du Prix Léopold Sédar Senghor en Italie en 2024) et beaucoup d’autres distinctions.

À titre personnel, j’étais lauréat au concours de poésie organisé par la Francophonie en 2010 à la Faculté des Lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. J’ai succédé à la tête du collectif le poète saint-louisien Fara Ndiaye auteur de livres comme Mélopées divines. À ma qualité de président du Collectif, j’ai à mon actif quatre livres : deux recueils de poèmes (Les Souffles du benténier en 2017  à L’Harmattan et Les Paroles du rossignol en 2022 aux éditions Al Faruq), un roman intitulé Marginal en 2019 à L’Harmattan et un essai de 326 pages qui a pour titre Ousmane Sonko, Le Retour du Phénix publié en 2024 aux éditions L’harmattan. Tous les membres du bureau ont presque tous publié un livre : le secrétaire général Mouhamed Nguirane (Symétriques mosaïques, Abis éditions), la trésorière Ndeye Sokhna Diop ( Du Nadir au Zénith, deuxième prix Ibrahima Sall en 2024) et tant d’autres.
Tout ceci pour dire que nous avons tout ce qu’il faut pour vous aider à réussir pleinement le Forum National sur le Livre et la Lecture.

Il est toujours possible de changer la donne pour que vive la littérature sénégalaise. Et il est possible de le faire sous vos auspices Madame le Ministre.

Mour Seye
Président du Collectif Parlons Poésie
Écrivain et professeur de Lettres