La documentariste Hind Meddeb est l’auteure du documentaire “Soudan, souviens toi”, en salles le 7 mai, tourné à Khartoum entre 2019 et 2022, qui dresse le portrait d’une jeunesse soudanaise en lutte pour ses rêves de démocratie après 30 ans de dictature et à l’aube de la guerre civile.

“Soudan, souviens toi” est lié au précédent film de Hind Meddeb « Paris Stalingrad », « l’histoire d’un Soudanais qui arrive à Paris et qui est poète », resitue la documentariste qui a donc rencontré « beaucoup de Soudanais sur les campements de rue autour du métro Stalingrad entre 2016 et 2019 ». « Je pensais que les Soudanais que j’avais rencontrés à Paris, qui récitaient de la poésie sur les campements de rue, pendant les rafles policières, étaient exceptionnels ou extraordinaires. Et je découvre en arrivant au Soudan que non, c’est tout à fait ordinaire, les Soudanais récitent de la poésie comme ils respirent. »

Une jeunesse en lutte
« J’ai vraiment voulu montrer l’image des Soudanais debout, plutôt que de montrer des champs dévastés et des morts », explique Hind Meddeb. Entre 2019 et 2023, elle filme à Khartoum la jeunesse soudanaise dans cette période qui suit la révolution ayant mis fin à la dictature d’Omar el-Bechir. « Les Soudanais ont vécu 30 ans de la double malédiction qui s’abat sur la région, c’est-à-dire qu’ils ont eu à la fois une dictature religieuse et militaire, parce qu’Omar el-Bechir appliquait la charia de manière très stricte, rappelle la réalisatrice. La particularité de cette révolution, c’est important de le dire, c’est que c’est une révolution qui est en rupture avec l’islam politique et c’est la première fois. »

De l’espoir de démocratie à la guerre civile
Le film de Hind Meddeb s’arrête à l’aube de la guerre civile, toujours en cours dans le pays, qui a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions de personnes et provoqué « la pire crise humanitaire au monde », selon l’ONU. « Je n’imaginais pas que la fin du film serait cette guerre qui a arrêté les tournages et poussé à l’exil l’intégralité des personnages du film », relate Hind Meddeb.

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