«Les paroles s’en vont, l’écrit reste». A l’ère du tapage (m’as-tu vu?) encouragé par cette nouvelle forme de médiatisation à outrance du médiocre et de politique sciemment dévoyée, il faut substituer la profondeur de l’analyse acquise par un di- plôme et/ou une expérience avérée. Pour notre génération, il ne doit plus y avoir de place où subsiste une once de paresse ou d’égoïsme. Il se fait tard et l’Afrique doit quitter le bas du classement mondial en matière de développement. Pourquoi ne pas fixer, dorénavant, les belles et bonnes paroles et actions dans du marbre afin que les générations futures puissent s’en servir? Oui, il nous faut commencer à penser sérieusement à ce qu’on leur lais- sera comme héritage.

Il y a bien longtemps, certains ont pris le chemin de l’écriture pour verser leur modeste contribution dans la corbeille nationale dédiée à la confrontation d’idées et au partage d’expériences. Pourquoi, dans nos pays africains, ne prendrait-on pas la peine d’écouter davantage ceux qui, loin de tout brouhaha, ont pris le soin et le parti de réfléchir et d’écrire sur ce qui peut constituer un progrès une fois compris et appliqué correctement ?

Pour ma part, j’ai une préférence pour ne pas dire une faiblesse pour les idées relatives au développement de notre pays. Aussi, deux de mes livres portent-ils sur la protection sociale et la culture qui mettent, chacune, l’accent sur l’humain. C’est voulu ainsi, comme participation aux efforts individuels dans cette marche nationale vers le développement inclusif, avant de quitter ce bas monde.

A propos d’humain, une bonne nouvelle nous vient du Burkina Faso. Elle est à méditer pour le Sénégal même si des avancées sont enregistrées au plan social dans notre pays avec, notamment, la mise en œuvre de la couverture maladie universelle (cmu) qui reste encore perfectible.

Dans ce binôme «assurance maladie», la fonction assurance comprise comme un processus, doit prendre toute son impor- tance autant que l’aspect maladie. Elle englobe adhésions, cotisations, paquet de soins, exclusions et plafond de garanties, prestations, contrôle, réclamations, contentieux, incorporations et retraits d’assurés, renouvellement de polices ou contrats d’assurance, recouvrement de primes (cotisations).

C’est une science comme la médecine, et requiert une formation pointue sanc- tionnée par un diplôme supérieur de troi- sième cycle et/ou une bonne expérience pour faire autorité.

pour revenir au Burkina Faso, il convient de préciser qu’à défaut de réformes d’ensemble et d’envergure, il s’agit de mesures pratiques tendant à réduire, voire rendre gratuit le coût très élevé d’une liste de soins. En guise d’étude comparative, au Sénégal, le difficile accès à la consultation, aux examens

et médicaments pousse certains de nos compatriotes à se résigner, donc à renoncer aux soins et à attendre une guérison miracle ou une mort inéluctable. Cela dit, dans les pays où, comme le Burkina, la décision hardie de faciliter l’accès aux soins est prise, il faut espérer un financement public continu de la santé. C’est ce que je défends dans mon livre sur «L’extension des assurances de personnes au Sénégal: un défi public et privé». Avec ce livre, j’ai reçu le Prix de la Fédération des Assureurs africains lors de leur Assemblée générale à Tunis en 2019. Il récompense la recherche et la publication dans le domaine de l’assurance, de la réassurance, de l’étude du risque et des disciplines connexes en Afrique (29 pays membres plus Bahreïn). Je poursuis toujours mes recherches en préparant une thèse de Doctorat d’État en droit.

Une autre étude que j’ai faite sur la cou- verture sociale des métiers de la culture figure dans le fonds documentaire «Dépôt enregistré» de l’Union Africaine mais sans que j’en aie été informé.

En conclusion, le souci du mieux-être des populations, en particulier les plus démunies et les plus vulnérables, doit être au centre de toute politique de développement.

Une bonne redistribution des revenus du pétrole et du gaz devrait normalement prendre en compte l’accès pour tous à la santé et à l’éducation. En bonus, la réduction du coût de l’électricité et de l’eau nous ferait également le plus grand bien parce s’avérant ayant de mesures bénéfiques au regard des lourdes charges supportées par les ménages.

Je me trompe peut-être, mais telle est ma conviction, une voie à exploiter pour les pays africains qui veulent et peuvent soulager leur peuple: dans leur politique de développement, partir du peuple (de l’humain) pour aboutir au peuple (à l’humain). Dès lors, comment ne pas s’approprier cette assertion de Térence : Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger.

Par Biram Ndeck NDIAYE, juriste et auteur