
Mamadou Lamine Sanokho est une figure incontournable de la littérature sénégalaise contemporaine, l’une des plus belles plumes de la ville de Thiès. À l’instar de ses illustres prédécesseurs tels que Sembène Ousmane, Amadou Hampâté Bâ ou encore Maurice Druon, il est autodidacte. Son parcours est marqué par une soif insatiable de connaissance et une passion indéfectible pour les lettres.
Né à Thiès le 6 avril 1962, Mamadou Lamine Sanokho effectue son cycle primaire à l’école Tamba-Nord de Tambacounda. Parallèlement à cette éducation formelle, il suit également un apprentissage religieux en tant que « talibé » dans une école coranique. Très tôt, il découvre le plaisir de la lecture grâce à la bibliothèque catholique du Foyer La Marie Salette de Tambacounda, une institution qui deviendra son refuge intellectuel.
Revenu à Thiès, il se consacre rapidement à l’écriture, malgré un abandon précoce des études secondaires. Déterminé à combler ses lacunes, il se forme à travers l’école du Parti Africain de l’Indépendance (PAI), légalement réhabilité en 1976. En dehors des cadres académiques classiques, il se plonge avec avidité dans l’étude des sciences économiques, de la philosophie ainsi que des lettres classiques et modernes.
Cette autodiscipline rigoureuse lui permet d’allier son militantisme politique à une carrière littéraire prolifique, où il se distingue par une écriture à la fois engagée et poétique.
Les efforts de Mamadou Lamine Sanokho ne tardent pas à être récompensés. Son premier prix littéraire lui est attribué en octobre 1989 par le Ministre de la Culture sous l’égide de Moustapha Ka. Par la suite, il enchaîne les distinctions :
– Prix de la Fondation Léopold Sédar Senghor pour son recueil de poèmes Sacerdoce (avril 2000).
– Lauréat du Prix de la meilleure nouvelle de langue française (Institut Français de Dakar, 2001).
– Grand Prix du Maire pour les Lettres (Thiès, août 2005).
Mamadou Lamine Sanokho est un écrivain polymorphe, explorant plusieurs genres littéraires : le roman, le théâtre, la poésie et le conte. Son œuvre se distingue par une profondeur thématique et une richesse stylistique qui témoignent de sa maîtrise des lettres et de sa sensibilité artistique.
Poésie et Engagement
Les occupent une place centrale dans sa carrière, comme en témoigne Sacerdoce, qui lui a valu le Prix de la Fondation Léopold Sédar Senghor. Son deuxième recueil, L’Horizon Sauvage (2002), confirme son talent et son engagement social.
Romans : Entre Réalisme et Symbolisme
Son premier roman, Les Trous de l’Espoir (2004), publié aux Éditions Xamal, illustre sa capacité à raconter la condition humaine avec une plume acérée et un regard critique. D’autres romans suivront, explorant divers aspects de l’histoire et de la société africaine :
– L’Amant Surnaturel (2018, réédité en 2022)
– Le Sacrifice de l’Agneau (2018)
– La Bataille de Koumbi Saleh (2024, Fadiey Éditions)
Le Théâtre : Un Outil de Réflexion Sociale
Sanokho s’illustre également dans le théâtre avec des pièces marquantes comme La Saga des Parias (Grand Prix du Maire pour les Lettres, 2005) et Les Gardiens du Sanctuaire (Prix spécial du FESNAC, 2020).
Les Contes : Entre Histoire et Imaginaire
Sa plume ne s’arrête pas aux genres classiques du roman et du théâtre ; il explore également le conte avec des œuvres destinées aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Parmi elles : Le Royaume de Kous (2023) et Les Tresses de la Djinne (2018).
Une Œuvre en Pleine Expansion
Mamadou Lamine Sanokho ne cesse d’enrichir son répertoire littéraire. Plusieurs de ses œuvres sont en cours de publication, notamment Le Garçon et son Âne et Kâgne ou le Ravin des Voleurs, un roman historique à paraître aux Éditions Texe.
À travers une œuvre prolifique et variée, Mamadou Lamine Sanokho s’impose comme une voix majeure de la littérature sénégalaise. Son parcours atypique, son engagement social et son talent littéraire font de lui un écrivain à part, dont l’impact dépasse les frontières de son pays natal. Son travail, mêlant mémoire, critique sociale et exploration stylistique, constitue un héritage précieux pour les générations futures.
Babacar Korjo Ndiaye