En 1997, notre pays, représenté par le Cours Secondaire Sacré-Cœur, était sacré champion du monde de la mythique et regrettée compétition « Génies en herbe ». La même année a vu nos Lionnes du basketball sacrées championnes d’Afrique. Aujourd’hui,dans les esprits, l’année 1997 marque plus par le dernier événement qui l’a marquée que par le premier qui est presque passé inaperçu. Aujourd’hui,« Génies en herbe » renaîtrait de ses cendres, pour coller nos champions, il suffirait de leur demander en quelle année, le Sénégal a été sacré champion du monde de scrabble. Inquiétant symptôme.

Seize ans plus tard, le mal est encore là, têtu. La culture dont je disais récemment qu’elle n’est pas un vulgaire levier du développement, mais ce levain qui fait se lever et s’élever l’homme, appelé à actionner tous les leviers de développement,cette culture structurante,  n’a toujours pas la place qu’elle mérite dans notre pays où la chose intellectuelle est de plus en plus méprisée et le truc folklorique de plus en plus prisé.

Encore un rendez-vous manqué :

La finale du Concours des Palmes du Livre et de la Lecture(troisième édition) a été organisée dans l’après-midi du mercredi 22 mai 2013 au Cours Sacré-Cœur de Dakar. Comme lors des éditions précédentes à Sorano, les finalistes, des enfants  de 5e, 6e,CM2 et CM1, ont encore  émerveillé enlisant, avec le ton et le geste qui siéent, des textes de haute portée morale et de grande valeur esthétique.  Le spectacle était simplement beau, et à certains moments, émouvant. Seule chose à déplorer : ce « Face to Face » entre des rois et reines de la lecture n’a pas attiré grand monde, contrairement  à d’autres « face to face » qui font courir les foules comme si, dans le pays de Senghor, « minable »et « consommable » ne devaient plus se contenter de  ne rimer que pour l’oreille. C’était une fête  pour les élèves. Eux-mêmes ne se sont pas déplacés en masse. Une fête pour les enfants est aussi une fête pour les parents. On les comptait, ces parents qui ont eu la délicatesse de venir voir, seulement voir, ce que faisaient leurs enfants. Les autorités qui devaient encourager de telles initiatives, n’étaient ni présentes, ni représentées. C’était aussi le cas lors de la cérémonie de lancement à la Maison de la culture Douta Seck le 13 mars dernier.

Pour dire « merci »

Pourtant,  les organisateurs de la manifestation ne demandent  pas l’impossible : juste un peu d’argent pour faire face aux frais d’organisation et beaucoup de livres car le principe aux Palmes du Livre, c’est que tout participant(ils étaient 95cette année) a droit à un livre au moins en plus d’une attestation de  reconnaissance. Si ces promesses ont été tenues, c’est grâce à quelques bonnes volontés, personnes physiques et morales que nous tenons à remercier d’avoir été suffisamment intelligentes pour comprendre que si cette manifestation ne rapporte rien, elle apporte beaucoup à nos enfants qui sont la plus grande richesse de ce petit pays pauvre qu’est le Sénégal. C’est le lieu de rendre un hommage appuyé :

·        à la CONFEMEN qui  nous accompagne depuis 3 ans et qui, pour cette édition, non seulement nous a offert un important lot de dictionnaires et de cahiers, mais a tenu à se faire représenter à la finale ;

·        à la Direction du Livre et de la Lecture (D.L.L.),également notre partenaire depuis 3 ans, pour l’important lot de livres adaptés à notre cible, mais aussi pour le professionnalisme et la disponibilité de son directeur et de tout son personnel ;

·        aux maisons d’édition Le Nègre international,Ruba de M. Marouba Fall, Les NEAS ;

·        à l’ASPF et au RESACLAP ;

·        à la Fondation Sen Finances pour le chèque de100.000 francs ;

En dehors de ces contributions fort appréciables, tous les frais engagés, de la cérémonie de lancement à la finale en passant par les trois journées d’éliminatoires, ontété supportés par les organisateurs et leurs amis personnels je ne remercierai jamais assez cet ami personnel qui a eu l’intelligence de nous offrir comme trophée des copies  en ébène de « Le penseur » de Rodin. Mais la facture serait insupportable si nous n’avions pas bénéficié de services gratuits :

·        La salle et toute la logistique du Cours Sacré-Cœur ;

·        La décoration de la salle (par Divine Providence de Mme Paule Marie Thérèse Sène);

·        Les prestations d’artistes professionnels (Mme Marie Françoise Ndiaye et El Hadj Babacar Diallo -Le fou dans la foule-).

               Nous remercions toutes les personnes qui nous ont fait sentir, d’une manière ou d’une autre, que ce que nous faisons n’est pas rien. Nous remercions monsieur le ministre de l’Education nationale pour la courtoisie qu’il a eue de répondre à notre courrier, ainsi que pour son « soutien moral » et ses « encouragements ». Merci à toutes ces personnes physiques ou morales qui ont eu l’intention de faire quelque chose et qui, pour une raison ou une autre, n’ont pas  pu convertir leur dessein en acte concret.

  Pour  prendre date :

C’est au prix de tous ces sacrifices que la troisième édition des Palmes du Livre et de la Lecture a pu être menée jusqu’à son terme au grand bonheur des enfants qui y ont participé. Oubliant déjà leurs peines, les organisateurs de l’évènement sont prêts à reprendre leur croix et à marcher, non pour la gloire ou les pourboires, mais par simple devoir, pour les beaux yeux de cette belle femme à qui ils doivent tout et qui s’appelle : Ecole sénégalaise.

Rendez-vous l’année prochaine in chaa Allaah. Nous savons que le public sera encore maigre.Mais nous demeurons convaincus que la raison du plus nombreux n’est jamais la meilleure.

Amadou Bamba Thiobane

formateur au CRFPE de Dakar,

 Coordonnateur de la 3e édition

Concours des Palmes du Livre

et de la Lecture.