
Il a fait rayonner l’Afrique, et le Sénégal en particulier… mais chez lui, c’est le silence.
Mouhamed Zamal, poète lumineux et frère de plume, vient de remporter un prix international de poésie. Il a porté haut les couleurs de notre continent, avec ses mots, sa voix, sa foi en la beauté du verbe.
Mais à ce jour, aucune reconnaissance officielle, aucune réception par le ministre de la Culture. Pas même un mot. Pas même un geste.
C’est plus qu’un oubli. C’est un mépris.
Un mépris pour la poésie.
Un mépris pour les lettres.
Un mépris pour toute une génération d’écrivains et d’artistes qui, à force de silence de l’État, apprennent à ne plus rien attendre.
Mais faut-il être footballeur pour être accueilli en héros ?
Faut-il faire danser TikTok pour que le ministère se réveille ?
Faut-il que la poésie se vende à coups de buzz pour qu’on se rappelle qu’elle existe ?
Non, Madame la Ministre, un poète vient d’être primé à l’international.
Et votre silence est une tache.
Nous n’oublions pas.
C’est triste. Mais surtout, c’est révélateur.
Mouhamed, toi au moins, tu n’as pas besoin de rubans coupés pour exister.
Ta plume suffit à faire trembler les murs de l’indifférence.
Et nous, tes frères et sœurs de mots, on t’applaudit là où ça compte : dans la mémoire.
En attendant, voici ce que le poète lui-même, dans un geste de dignité, a écrit au ministre. Et franchement, on aurait tous voulu dire ces mots-là un jour :
Madame la Ministre,
Je me permets de vous adresser la présente lettre avec tout le respect que requiert votre haute fonction, afin de porter à votre connaissance un fait culturel d’importance.
Le samedi 5 juillet 2025, j’ai eu l’honneur de remporter le premier prix du concours international de poésie organisé à Lille (France) par l’association Femmes au Secours de la Paix. Cette édition, placée sous le thème « La paix dans mon jardin », a réuni plus de 150 poètes venus de divers horizons, autour d’un idéal commun : celui de promouvoir la paix à travers la force des mots. Mon poème a été retenu parmi les dix finalistes, et a été distingué comme le meilleur de cette édition.
À ce jour, soit quinze jours après cet événement, je n’ai reçu aucun signe de reconnaissance ou de réaction officielle de la part de votre ministère ni de l’Ambassade du Sénégal en France. Il est bien entendu possible que cette information ne vous ait pas encore été transmise, et c’est pourquoi je me permets de vous l’adresser directement, avec respect et confiance.
Madame la Ministre, cette victoire dépasse largement ma personne. Elle incarne le talent, la créativité et la sensibilité d’une jeunesse sénégalaise qui, même en dehors du territoire national, continue de porter haut les valeurs de notre pays à travers la culture, les arts et les lettres.
Or, il est nécessaire de souligner que l’écriture au Sénégal souffre cruellement d’un manque de suivi, de structures d’accompagnement, et surtout de reconnaissance institutionnelle. Les jeunes talents sont nombreux, mais ils peinent à être identifiés, encadrés, soutenus ou célébrés. Trop souvent, leurs victoires passent sous silence, alors même qu’elles participent activement au rayonnement du Sénégal dans le monde.
L’information concernant ce prix a d’ailleurs été relayée par plus de 15 organes de presse locaux et internationaux, mais, étonnamment, aucune réaction n’a émané de nos autorités compétentes. Nos artistes sont célébrés ailleurs, mais bien trop souvent, leurs réalisations restent invisibles dans leur propre pays. Cela ne peut que nuire à l’engagement et à la confiance des jeunes talents sénégalais, qui s’investissent pourtant corps et âme dans la promotion de leur culture à l’échelle mondiale.
Un pays qui ignore ses artistes se prive de sa mémoire, de sa voix, et de sa force créative. Il est essentiel que les institutions nationales accordent une place réelle à ces voix nouvelles, à ces initiatives individuelles, à ces réussites qui construisent aussi l’image et l’honneur du Sénégal à l’étranger.
Reconnaître, encourager, valoriser : tel est le triptyque qui devrait guider toute politique culturelle tournée vers l’avenir. Un simple message, une mention officielle, une prise de contact parfois, cela suffit à nourrir l’engagement d’un jeune, à lui rappeler qu’il n’écrit pas dans le vide, mais pour son peuple, avec lui, et en son nom.
En espérant que ce message retiendra votre attention, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma très haute considération
