La romancière et dramaturge Marie NDiaye signe un nouveau livre, Le Bon Denis, publié au Mercure de France dans la collection « Traits et Portraits ». Un texte intime et déroutant, qui explore les zones floues de la mémoire familiale, l’absence d’un père, et la mystérieuse figure de la bonté.

Récompensée par le prix Femina pour Rosie Carpe et le Goncourt pour Trois femmes puissantes, Marie NDiaye poursuit ici une œuvre littéraire dense et exigeante. Avec Le Bon Denis, elle revient à une source profonde : l’enfance, celle de la narratrice, marquée par le départ inexpliqué du père.

Pourquoi cet homme, d’origine sénégalaise, a-t-il quitté sa famille alors que sa fille n’avait qu’un an ? Pour tenter de comprendre, la narratrice rend visite à sa mère, désormais en maison de retraite. Mais celle-ci préfère parler d’un autre homme : un certain Denis, surnommé « le bon Denis », qui aurait brièvement partagé sa vie après le départ du père. Un personnage dont l’existence même semble incertaine.

À travers cette enquête personnelle, Marie NDiaye explore une notion complexe : la bonté. « J’ai travaillé sur la mauvaiseté dans d’autres livres. Cette fois, je voulais interroger la bonté, qui est bien plus difficile à cerner« , confie l’écrivaine. Une bonté qui n’est ni gentillesse, ni tendresse, mais peut-être une force ambivalente, parfois oppressante.

Le roman remonte aussi le fil de l’histoire familiale jusqu’à Dakar, où le père a grandi dans un climat de peur et de violence. En reconstituant son parcours, la narratrice cherche à dépasser le jugement moral : un homme qui abandonne sa famille n’est pas forcément un « mauvais homme ». Il faut aussi considérer le contexte – celui d’une enfance difficile au Sénégal, puis d’une immigration dans la France des années 1960.

Avec une écriture toujours aussi maîtrisée, Marie NDiaye livre ici l’un de ses textes les plus personnels. Le Bon Denis questionne la mémoire, la transmission, et ce qui pousse à écrire : « J’ai l’impression que le travail des écrivains, c’est toujours de puiser dans les origines », dit-elle. « Ce n’est pas évident d’écrire. C’est un effort, une interrogation constante sur soi et sur le monde. »