
Dans une de ses livraisons d’il y a une semaine, nous avons été surpris de remarquer que six ans après la publication des résultats du grand Prix du Chef de l’État pour les Lettres, un esprit chagriné a eu l’outrecuidance non seulement de remettre en cause la délibération mais d’insulter le jury. Au nom de ce qu’il appelle « Grand poète », il se permet de jeter l’anathème sur des gens qui, en plus de leurs statuts et de leurs parcours irréprochables, ont bien mené ce travail qui engage toute la nation sénégalaise et particulièrement les hommes de lettres de ce pays. Toutefois, je ne reviendrai pas sur les conditions de travail de ce jury, le nombre de fois qu’il s’est réuni, les délibérations et j’en passe. Sous la direction de Monsieur Ibrahima Lô , un homme intègre qui ne s’immisce pas dans les décisions du jury.
Je crois ferment qu’Amadou Lamine Sall se trompe d’époque. Il s’adosse sur l’aura du Président Senghor pour s’ériger en « grand poète » avec un style pompeux alors qu’en réalité, il est un citoyen comme tout le monde. Ce qui le distingue des autres, c’est utiliser sa plume avec un style qu’on lui reconnait pour vilipender, insulter d’honnêtes personnes qui en âme et conscience ont fait le job comme il faut.
Il se prend pour le nombril du monde, le centre de gravité de la terre pour légiférer. Non, Monsieur Sall ! Vous vous trompez de cible en attaquant le jury qui en fait est constitué d’hommes et de femmes qui sont plus calés que vous dans leurs domaines. Ne serait-ce qu’en respectant la mémoire de Feu Madieyna Ndiaye, un homme courtois, correct, humble et membre de jury, vous n’auriez pas dû écrire ces mots.
Ce que vous reprochez au jury dans vos propos, c’est qu’il n’a pas choisi le livre que vous avez vous-même choisi et édité. Est-ce que vous avez lu tous les nominés ? Sur quels critères vous vous êtes basé pour attaquer la décision ? C’est de la subjectivité pure. En suivant votre « logique », tous les lauriers que vous avez obtenus doivent remis sur la table par ce que les jurys sont nuls ? Il faut respecter leur décision !!!
Je crois qu’il faut redimensionner vos ambitions et vos propos à votre âge. Que vous préférez Sabaru Jiiné, c’est votre droit le plus absolu. Mais que vous imposez ce livre au jury, c’est une autre affaire. La probité intellectuelle (dont vous ne semblez pas être dotée) impose le respect des personnes et de leur choix. Même si vous vous réfugiez derrière cette liberté dont jouit l’écrivain pour écrire ce que vous voulez.
Ce serait dommage que vous versiez dans des disputes de bas étages, de robinet avec tout le respect qu’on vous doit.
Baytir Kâ
Membre du Jury