Au cœur du monde littéraire sénégalais, écrire est une passion ardente, une expression artistique profonde. Toutefois, les écrivains locaux se heurtent à une réalité financière implacable : vivre de leur art demeure un défi colossal. Malgré une facilité croissante pour publier des ouvrages, la subsistance par l’écriture est presque impossible.

Seydi Sow, auteur prolifique et éditeur, dresse un constat lucide : « Au Sénégal, aucun écrivain ne peut réellement vivre de son œuvre. Pour y parvenir, il faudrait une vente à grande échelle, ce qui est rare. » Les librairies, principales actrices de la distribution, optent souvent pour des dépôts vente, où les auteurs ne touchent leur dû qu’en cas de ventes sporadiques, ces commerces pouvant percevoir jusqu’à 30 % du prix de vente.

Seydi Sow souligne également l’importance d’un soutien gouvernemental et évoque le besoin de lois promouvant le mécénat pour l’édition. Pour les auteurs, cette précarité génère des tensions parfois conflictuelles avec les éditeurs, illustrant une réalité où vendre 1 000 exemplaires sur quatre ans peut ne rapporter qu’une somme dérisoire.

Pour espérer tirer un revenu de leurs ouvrages, les auteurs doivent créer des œuvres de qualité. Toutefois, certains ouvrages médiocres ternissent l’image de la littérature sénégalaise, impactant les ventes. Selon Seydi Sow, cette situation découle d’un manque d’encadrement dans le domaine de l’édition, où n’importe qui peut s’improviser éditeur.

Malgré ces difficultés, certains auteurs se démarquent en produisant des livres de haute qualité. Certains, comme Mbougar, récoltent des succès en remportant des prix internationaux et en épuisant les stocks de librairies de renom, démontrant ainsi une demande tangible pour la littérature sénégalaise.

Mame Birame Diop, de L’Harmattan, témoigne de l’existence de la réussite financière pour les auteurs lorsque qualité et publicité sont au rendez-vous, ayant payé jusqu’à 5 millions de droits d’auteur.

Cette dualité entre la difficulté de vivre de l’art littéraire et les succès remarquables de certains auteurs souligne les enjeux économiques auxquels sont confrontés les écrivains sénégalais, invitant à des réflexions sur le soutien et l’encadrement de ce secteur créatif indispensable.